Bonjour
Je viens à l'instant de m'inscire sur ce forum, je suis donc tout nouveau et je ne connais pas encore les us et coutumes qui se pratiquent ici. Je suis hélas dans l'âge de raison, plus prêt de la sortie que de la porte d'entrée, j'aimerais faire partager certaines de mes expériences. J'ai voyagé evidemment comme touristes mais ce sont mes '' aventures '' pendant mes années de naviguation qui me tiennent plus à coeur. Si vous le voulez bien je vous en raconterais quelques unes qui me semble assez intérressantes.
Au cours d'un voyage en extrème Orient en 1973 alors que je n'ai que dix-huit ans, il m'est arrivé une aventure assez mouvementée. Je suis marin de commerce à bord d'une cargo qui s'appelle le '' monnie '' Je vais vous la raconter.
Lors de ce voyage nous allons toucher le port de Kompong Song ville au Cambodge, qui sera le théâtre d’un des plus importants souvenir de toute ma navigation. Ce que j’ai vécu dans cette ville est incroyable mais vrai, toute ma vie je ne pourrais l’oublier, tant ce souvenir est géant. Avant de toucher Kompong Song ville notre navire fait escale à Singapore et Bangkok, dans cette dernière ville toujours aussi chaude, nous passons avec Bernard de très bons moments, et surprise lors de l’escale je revoie le jeune thaïlandais que j’avais connu un an plus tôt. Il m’explique, que chaque fois qu’un navire français se présente dans le port, il monte à bord en espérant me rencontrer, bravo sa persévérance a payé. Nous naviguons enfin dans les eaux territoriales du Cambodge, ce pays est en pleine guerre civile, le régime extermine des centaines de milliers de personnes à travers le pays et assumera plus tard la responsabilité d’un véritable génocide. Le Moonie entre dans les eaux territoriales en fin d’après-midi, nous naviguons tranquillement en direction du port, quand soudain une embarcation surgit de nulle part avec à son bord des civils armés jusqu’aux dents, ordonnent au commandant de les laisser monter, personnellement je n’en mène pas large. Rien ne se passe ils repartent comme ils étaient venus, finalement nous entrons dans le port sans encombre. Dés notre arrivée, les dockers se mettent au travail mais à 21 heures tout s’arrête, le pays subit un couvre feu, personne ne doit circuler dans les rues après 22 heures, au risque de se faire tirer dessus par les forces armées. Le lendemain nous sortons en ville, et nous terminons la soirée dans une espèce de dancing, un vieux local sordide, mais qui a le mérite de nous amuser. A l’occasion d’une autre sortie nocturne j’ai rendez-vous sur la place du marché avec Bernard et d’autres marins du bord, j’arrive quelques minutes après le début du couvre feu, mes copains sont déjà partis, je ne sais que faire… J’arrête une moto pousse qui passe par là et lui demande de m’emmener dans un endroit ou passer la soirée. Il me conduit à travers la brousse, sur des chemins de terre détrempée par les pluies qui sévissent chaque jour pendant la saison des moussons. Au bout de quelques minutes il me dépose devant une grande villa construite au temps le la colonisation française, transformée aujourd’hui en tripot, ce lieu s’appelle village 17, me dit le conducteur de la moto pousse. Apres un moment d’hésitation je finis par entrer, cet endroit est bruyant et très enfumé, un grand nombre de personnes sont assises et attablées, devant moi un bar est tenu par une cambodgienne. Je m’approche commande un soda, je regarde autour de moi, je suis complètement apeuré comme jamais de ma vie, j’ai l’impression que je ne sortirais pas vivant de ce trou à rat. Pour ceux qui ont vu le film « Voyages au bout de l’enfer » avec Robert de Niro et notamment cette célèbre scène dans un tripot de Saigon, hé bien l’endroit où je me trouve ressemble à cette scène, sans les joueurs à la roulette russe, heureusement. Mon regard est attiré par des soldats assis au fond de la salle, soudain un des leurs me fais un geste me signifiant de venir les rejoindre. Je suis dans un état lamentable, terrorisé, mais je n’ai pas le choix je dois me déplacer pour leur parler. Arrivé à leur table celui qui m’a fait signe me demande dans un français correct si je fais parti de l’équipage du navire qui est à quai. Je réponds oui et j’engage la conversation, je le félicite pour son excellent français, il me répond qu’il est officier Cambodgien, Eurasien par son père qui était un colon français. Ouf je me sens mieux, néanmoins il me conseille vivement de ne pas rester ici et de rentrer le plus tôt possible en ville. Je le remercie et retourne au bar, je demande à la barmaid si il y a la possibilité de repartir avec une fille, elle me répond que oui et me présente une jeune cambodgienne avec qui je pourrais passer la nuit. Je règle la note et nous retournons en ville, toujours pendant ce sacré couvre feu. Arrivés dans le centre, je demande au conducteur de nous conduire dans un hôtel, il me laisse devant le seul hôtel du centre ville. Vu de l’extérieur l’établissement me parait correct et bien tenu, j’entre accompagné de la cambodgienne, le conducteur m’attend dehors, surprise, un français me reçoit aimablement, il m’annonce, désolé, qu’il est complet, qu’il n’a aucune chambre de libre. J’insiste, je ne peux pas rester dehors c’est trop dangereux. Il a bien une chambre déjà loué, le locataire n’est pas rentré, il me la propose mais je devrais la quitter si cette personne revient l’occuper, je le remercie infiniment, il m’apprend au cours de la discutions qu’il est corse, qu’il vit au Cambodge depuis plusieurs années. Avant d’aller me coucher je lui demande un verre d’eau car je suis assoiffé, je m’arrange avec le conducteur de la moto pousse pour qu’il vienne me chercher le lendemain matin, je le paierais quand il me ramènera à bord comme le veut la tradition. Nous entrons dans la chambre, celle-ci est sans dessus dessous, apparemment le ménage n’est pas fait quotidiennement, le lit est défait, des habits sont éparpillés un peu partout dans la chambre, sur une table se trouve un casque de moto, je suis assez surpris, parce que je n’ai jamais vu personne porter un casque depuis que je suis en Asie. La chance est avec moi, personne ne vient pendant la nuit et je profite pleinement de cette chambre en compagnie de la cambodgienne. La nuit à été courte mais je suis resté à l’abri, au petit matin la moto pousse m’attend devant l’hôtel pour me ramener au navire. Je me dis néanmoins que j’ai passé une soirée assez éprouvante, certainement que j’ai exagéré l’état de la situation et que je n’étais peut-être pas aussi en danger que je l’imagine, bref je rentre à bord et je ne suis pas mécontent. Nos aventures au Cambodge ne sont pas terminé, à l’occasion d’une dernière sortie de nuit nous nous retrouvons avec Bernard et un autre marin dans un motel construit du temps de la colonisation française, l’état des installations est très détériorées, les lumières ne fonctionnent que partiellement, il n’y a pas d’eau dans la salle de bain, mais nous passons une bonne soirée toujours en bonne compagnie. Au petit matin nous rentrons en moto pousse sous une petite pluie, celle-ci est surchargée de passagers, en effet nous sommes sept ou huit personnes entassées, mais cela n’altère pas notre bonne humeur, bien au contraire. L’escale se termine à kompong Song ville, nous reprenons notre voyage pour Saigon notre future et très attendue destination.